Stimuler la capacité à mémoriser et à apprendre chez l’enfant

Vous vous êtes déjà surement demandé comment faire pour que les élèves ou vos enfants retiennent ce qu’ils apprennent ? Peut être ne savez-vous pas comment fonctionne réellement la mémoire et le cerveau ?

C’est en comprenant comment le cerveau fait le tri entre ce qu’il oublie et ce qu’il conserve que vous allez découvrir comment fonctionne celui-ci mais aussi quelles sont les différentes étapes dans le processus de mémorisation et ainsi pouvoir dégager des stratégies d’apprentissage efficaces.

Le cerveau est un organe complexe, mais qui vous permet de garder en mémoire ce qu’il considère comme important.

Le fonctionnement de la mémoire

Mémoire à court terme

Mémoire immédiate

La mémoire immédiate permet de stocker les informations temporairement. Généralement l’information est maintenue sur une durée d’environ 10 secondes.

Sa capacité de stockage est évaluée à 7 éléments mais peut variée de 2 de moins à 2 de plus.

La mémoire à court terme nous permet de retenir des informations dont nous avons besoin à cet instant précis mais lorsque l’action est passée, celle-ci efface les quelques informations emmagasinées plus tôt. Par conséquent, l’endommagement de cette mémoire peut rendre plus difficile l’acquisition de nouveaux souvenirs pour la mémoire à long terme.

La mémoire à court terme agit comme un pont qui conduit à la mémoire à long terme.

Mémoire de travail

La mémoire de travail est la seconde mémoire temporaire. Il s’agit d’un système dynamique qui sert au traitement de l’information et à la rétention de données sur une courte période.

La mémoire de travail est essentielle lorsque nous voulons effectuer deux tâches à la fois et par conséquent indispensable dans la vie quotidienne et à l’école.

A l’école c’est la mémoire de travail qui va permettre de prendre des notes pendant que l’enseignant explique, de comprendre des textes. Par exemple pour comprendre le sens d’une phrase, vous devez garder le début en mémoire, le temps d’arriver jusqu’au bout de la phrase. Sans cela, vous arriverez à lire la phrase mais pas à en saisir le sens.

La mémoire de travail est également très utile en mathématiques pour la résolution de problèmes ou bien encore pour le calcul mental.

Cependant, il faut savoir que la capacité de la mémoire de travail est limitée. En effet, tout comme pour la mémoire à court terme, la mémoire de travail ne peut contenir que quelques éléments à la fois et cette capacité se modifie avec l’âge.

Jeunes de 5 ans

1 à 3 éléments
Jeunes de 6 à 14 ans 3 à 7 éléments
15 ans et plus 7 à 9 éléments

Mémoire à long terme

La mémoire à long terme permet de retenir des informations durablement et de constituer des souvenirs.

Comment savoir si l’information a été transférée dans le système de stockage à long terme ? On estime qu’après un délai de 24 heures si les informations sont toujours présentes, c’est que le transfert des informations au système de stockage a réussi.

On distingue plusieurs types de mémoire.

Le processus de mémorisation

Encodage

L’encodage correspond au traitement de l’information pour en faire un véritable souvenir. Cela permet de donner un sens à l’information. Il s’agit d’une sorte de traduction en langage « neurones » de l’information. Cette capacité permet d’acquérir de nouvelles informations en provenance des 5 sens (la vue, l’ouïe, le toucher, l’odorat et le goût).

Stockage

Le stockage correspond au rangement de l’information dans le cerveau, il faut pouvoir garder l’information en mémoire et la faire durer dans le temps. À moins de ne pas réutiliser ces informations régulièrement, le temps de stockage reste illimité.

Consolidation

Pour ne pas être oubliée, une information  doit être consolidée. La consolidation d’un souvenir est en fait son passage de la mémoire à court terme vers la mémoire à long terme. Cette étape de la mémorisation est un processus durant laquelle le cerveau va répéter automatiquement, une information jusqu’à ce qu’elle soit suffisamment ancrée dans la mémoire pour être retenue durablement.

Récupération

La récupération réfère au processus qui permet d’extraire l’information ancrée dans la mémoire. Les stratégies misent en place lors de l’encodage aideront à retrouver l’information.

Si une phase du processus est mal réalisée, soit l’encodage, soit le stockage, il y aura un problème de restitution, ce que l’on appelle «un trou de mémoire».

Techniques de mémorisation

Nous avons vu précédemment que la mémoire de travail est limitée, en effet seuls quelques éléments peuvent être assimilés à la fois et qui plus est sur un laps de temps particulièrement court.

Alors comment faire pour garder toutes ces informations en mémoire durablement ?

Regroupement

Il est possible d’accroître consciemment le nombre d’informations que la mémoire peut conserver simultanément grâce à processus nommé le regroupement. Ce processus se produit lorsque la mémoire perçoit un ensemble de données comme un seul élément. Par exemple, nous percevons « apprendre » comme un seul mot et pourtant il s’agit bien de 9 lettres distinctes, il en est de même avec les numéros de téléphone. Il est effectivement bien plus simple de se souvenir des nombres 03 88 87 28 16 que d’une suite de chiffres 0388872816.

Comment cela se fait-il ? Comme vu précédemment, la capacité du cerveau est limitée et ne peut contenir qu’environ 7 éléments à la fois. Cependant lorsque tous ces éléments sont regroupés, cela convient aisément à la capacité fonctionnelle de la mémoire, qui peut donc mémoriser les informations avec grande précision.

Le regroupement permet de traiter de grands ensembles de données plutôt que beaucoup de petits fragments.

La répétition espacée

L’autorépétition consiste à répéter plusieurs la même information dans le but de la retenir. En effet, le rappel permet de consolider ses connaissances.

Un philosophe allemand du XVIIIe siècle, Hermann Ebbinghaus, s’est intéressé au sujet sur la mémoire. Il explique qu’il est plus efficace d’espacer le travail de mémorisation sur le long terme.

Son hypothèse était que si vous apprenez par cœur une information, vous aurez accumulé peut-être 100% du savoir, mais qu’au bout d’un mois, 80% de l’information est perdue. Cependant, en lisant une seule fois l’information et en répétant le lendemain, dans deux jours, une semaine, un mois, ou encore 6 mois, vous garderez 90% de l’information. L’information est rapidement perdue si aucun effort n’est pratiqué pour la retenir.

Procédés mnémotechniques

Une mnémonique est une phrase ou un mot facile à retenir que l’on forme à partir de la première lettre d’une liste à mémoriser. Les enfants retiennent beaucoup mieux une information lorsqu’ils utilisent des techniques mnémotechniques, en effet ils peuvent se souvenir de l’information sans effort conscient de la part du cerveau.

  • Par exemple « Nourrir » prend 2 « r » car on peut manger plusieurs fois, est un procédé mnémotechnique, car on associe un mot à un souvenir.

  • Les acrostiches, les sigles et les acronymes sont des exemples de procédés mnémotechniques. Il est effectivement plus simple de se rappeler de l’acronyme RADAR plutôt que « radio detecting and ranging ».

Lorsqu’on propose la phrase «  Mais où est donc Ornicar » pour les aider à se rappeler des conjonctions de coordination « Mais Où Et Donc Or Ni Car » leur mémoire augmente.

  • La visualisation aide le cerveau à accéder à l’information importante et l’expose à l’avance à des données significatives. La méthode la plus connue est celle des cartes d’organisation d’idées. Par ailleurs, cette méthode constitue une excellente activité de groupe.

Les moyens mnémotechniques sont très utiles aux élèves, cependant ils s’avèrent encore plus efficaces lorsque les élèves inventent les leurs, plutôt que lorsqu’ils mémorisent ceux que l’enseignant leur suggère.

Ennemis et amis du cerveau

En dehors des stratégies de mémorisation, plusieurs habitudes peuvent aussi grandement améliorer votre capacité de mémorisation, avoir une bonne hygiène de vie est primordial pour entretenir sa mémoire.

Les émotions

Dès l’enfance les émotions sont au cœur de l’apprentissage. En effet, elles jouent un rôle essentiel dans la manière dont l’enfant comprend et apprend.

Lorsque nous sommes stressés, les glandes surrénales libèrent un peptide appelé cortisol. Celui-ci provoque alors, un réflexe de défense qui va réduire ou influencer la mémorisation.

Des neuroscientifiques ont prouvé que l’on apprend mieux lorsqu’on est épanoui et serein. Les émotions positives comme la joie, l’amusement rendent le processus de connexions neuronales plus efficace.

Le sommeil

Le sommeil permet la structuration, le tri des informations et des apprentissages reçus dans la journée. Un manque de sommeil peut engendrer un état de fatigue mentale qui ne permet que très peu de concentration et réduit les capacités cognitives. Le fonctionnement optimal d’un cerveau nécessite 7 à 8 heures de sommeil par nuit.

L’oxygène

Le cerveau doit être correctement oxygéné pour pouvoir fonctionner. Rester trop longtemps assis sans bouger va empêcher la concentration et l’apprentissage. C’est pourquoi, il est nécessaire de pratiquer régulièrement une activité physique qui va permettre d’augmenter la fréquence cardiaque, l’apport de sang dans le cerveau et ainsi l’oxygénation des tissus.

La nutrition

Un apport calorique trop élevé et un excès de sucres et de graisses dérèglent le fonctionnement cellulaire et produit des signaux inflammatoires qui altèrent les vaisseaux sanguins du cerveau. Cela entraîne progressivement un stress cellulaire qui réduit fortement la capacité naturelle de régénération des connexions neuronales. Cependant un manque de glucose dans le sang peut entrainer un état léthargique ou de somnolence, il faut donc trouver un juste milieu et consommer du sucre raisonnablement, en effet le cerveau a besoin d’un bon équilibre alimentaire.

N’oubliez pas, plus la tâche accomplie par le cerveau est importante, plus celui-ci consomme.

L’eau

L’eau est également essentielle à une activité cérébrale saine. Une faible concentration d’eau diminue les capacités de fonctionnement du cerveau. Il suffit de quelques heures d’hydratation insuffisante afin de ressentir une baisse des capacités de concentration et de mémorisation sur le court terme. De plus, la déshydratation peut augmenter le niveau de stress.

Bibliographie

Apprendre… une question de stratégie. Développer les habilités liées aux fonctions exécutives – Pierre Paul Gagné, Normand Leblanc, André Rousseau – Chenelière Éducation

55 stratégies pour mieux apprendre – Alyse Boaz et Julie Deslippe – Chenlière Éducation

Quand enseigner mène à leur réussite, une approche centrée sur les élèves – PJ Caposey, Todd Whitaker et Johanne Proulx –Chenelière Éducation

Le cerveau et l’apprentissage. Mieux comprendre le fonctionnement du cerveau pour mieux enseigner – Eric Jensen – Chenelière Éducation

Apprendre à apprendre – Tom Barwood – Chenelière Éducation

Un cerveau pour apprendre. Comment rendre le processus enseignement-apprentissage plus efficace – David A. Sousa – Chenelière Éducation

Des stratégies pédagogiques drôlement efficaces. Tirer parti des recherches sur le cerveau – Marcia L. Tate – Chenelière Éducation

Être attentif…une question de gestionAinsley Line, Noreau Danielle et Gagné Pierre Paul – Chenelière Éducation

Mémo action, outils pour développer la mémoire de travail – Gagné Pierre-Paul, Longpré Louis Philippe et Rossi Sandrine – Chenelière Éducation

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